Face à la crise du coronavirus, "l'Europe joue sa crédibilité", estime Amélie de Montchalin

La secrétaire d'État aux affaires européennes, Amélie de Montchalin ©AFP - Kenzo Tribouillard
La secrétaire d'État aux affaires européennes, Amélie de Montchalin ©AFP - Kenzo Tribouillard
La secrétaire d'État aux affaires européennes, Amélie de Montchalin ©AFP - Kenzo Tribouillard
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Amélie de Montchalin, secrétaire d'État aux affaires européennes, et Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste, étaient les invités de Questions Politiques ce dimanche avec Ali Baddou.

Amélie de Montchalin, secrétaire d'État chargée des Affaires européennes

Pour Amélie de Montchalin, c'est dans la crise que "l'Europe joue sa crédibilité". Elle appelle les États membres de l'UE à "surmonter les égoïsmes et les peurs" car seule l'union peut éviter que le "marasme économique" ne soit trop grand. "L’union fait la force : si cela ne devient pas une réalité, alors nous avons un problème", martèle la secrétaire d'État aux affaires européennes. 

Elle souligne ainsi qu'aucun pays de l'UE ne peut s'en sortir seul, au vu des liens tissés entre les économies. "Il n'y aura pas de rebond en Allemagne ou aux Pays-Bas si l’Espagne, la France, l'Italie ne vont pas bien", prévient Amélie de Montchalin. Chacun doit donc prendre sa part de l'effort de solidarité :

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"Si certains s’exonèrent, cela aura des conséquences sur le projet européen."

Actuellement, Paris et Berlin font front commun face au Covid-19, selon la secrétaire d'État, qui cite les lits mis à disposition par l'Allemagne dans les zones frontalières afin d'accueillir des patients français, ainsi que la livraison de respirateurs. "Si nous n’avions pas cette coopération, nous serions encore plus en difficulté", juge-t-elle. 

"Il y aura un jour où peut-être qu'en France on accueillera des patients venus d’autres pays car il y aura un besoin."

"Si l'on est pas capables d'agir ensemble, les populistes auront gagné", ajoute-t-elle.

Olivier Faure, député et premier secrétaire du PS

"La démocratie n’est pas en quarantaine, c’est la raison pour laquelle nous devons continuer à dire ce qui ne marche pas", déclare Olivier Faure, invité de la seconde partie de l'émission ce dimanche. Pour autant, le premier secrétaire socialiste refuse de se livrer à "des polémiques pour l'instant inutiles" sur la gestion de la crise sanitaire par l'exécutif. 

"Il y a des éléments qui seront à revisiter plus tard. Je ne veux pas, au moment où nous sommes dans cette crise, affaiblir le gouvernement."

En temps voulu, il faudra néanmoins selon lui tirer toutes les leçons de la crise, y compris en regardant vers le passé. "Oui, il y a depuis longtemps pour l’hôpital public des choses qui ne vont pas. Ce gouvernement les a aggravées, mais il n’est pas le seul responsable."

Le député salue "l'exercice de transparence un peu nouveau" auquel se sont prêtés la veille le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran. Il déplore n'avoir pas été informé des stratégies du gouvernement au début de l'épidémie, et pas consulté sur la question de la fermeture des établissements scolaires par exemple.

Regrette-t-il avoir appelé au maintien du premier tour des élections municipales ? "Je regrette que nous ayons tous été aveuglés. Le ministre de la Santé nous avait expliqué que nous ne manquions ni de masques, ni de lits, qu’il n’y avait pas de raison de s’affoler. À la lumière de ce que l’on sait, nous n’aurions pas dû avoir ce premier tour."

Interrogé sur la question de la chloroquine, Olivier Faure estime que la voie empruntée par le gouvernement est une "voie sage", en choisissant de réserver le médicament aux patients en difficulté et suivis dans les établissements de santé. "Je ne veux pas me poser en médecin que je ne suis pas. Il y a des précautions à prendre. Je pense à la lutte contre le sida où des protocoles ont été contournés, ça s’est traduit par des drames."

Concernant le professeur Didier Raoult, dont les prises de position sont controversées, le premier secrétaire du PS considère également comme "utile qu'il y ait des pensées hétérodoxes dans une crise. On verra bien qui a raison"

Sur le confinement et les cours dispensés à distance, il appelle à "libérer les parents d’une pression extraordinaire" : 

"L’école à la maison, ça n’existe pas. Les parents ne sont pas des enseignants ; enseigner c’est un métier."

Selon Olivier Faure, cette crise montre en tous cas la trop grande dépendance de la France vis à vis de l'extérieur. "Nous nous devons, à l’échelle européenne, être en mesure d’avoir des productions vitales."

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